« Bio-géo-textile »
Il est d’usage d’installer de nos jours un géotextile entre un mur de soutènement en pierre sèche et le sol qu’il retient.
Cela a pour avantage de protéger durablement la maçonnerie du mur des infiltrations de terre. En effet l’un des facteurs de solidité d’une maçonnerie à pierres sèches tient au fait que les joints entre les pierres sont et restent vides (cf article).
Cet impératif a toujours existé, pourtant le géotextile fait partie des produits manufacturés modernes et donc récents, réalisé en plastique ou en fibres de verre, il permet l’écoulement de l’eau sans laisser passer les particules.
Comment faisait-on avant ?
Malgré mon intérêt pour la pierre sèche et un bon 2 mètres linéaires de bibliothèque remplis d’ouvrages, articles et revues qui lui sont dédiés je n’y ai jamais rien lu sur le sujet**.
J’en reste donc à ma propre tradition orale, celle d’anciens de village se rappelant de l’usage de végétaux installés en tampon entre le sol et la maçonnerie. Ces végétaux, le temps de leur décomposition, étaient censés retenir la terre. Celle-ci, toujours le temps de leur décomposition, ayant le temps de se tasser, de faire motte et donc de ne pas couler directement dans le mur. Certains allaient plus loin dans la précision technique et disaient qu’il fallait des tiges creuses, par exemple de la ronce ou de la paille. Plus longues à se décomposer et surtout laissant du vide autour duquel la terre avait eu le temps de se tasser. Ce vide permettant un meilleur écoulement de l’eau.
Construire, restaurer un mur de soutènement est un aménagement paysagé, il y a toujours dans son environnement proche de la végétation à gérer, des arbres ou arbustes à couper, de la broussaille à dégager.
Cette végétation peut être le matériau utilisé pour remplacer le géotextile. Cela a au moins deux avantages ; éviter de la bruler ou de la transporter à la déchèterie et économiser le géotextile.
Connaître le matériau pour réaliser quelque chose ne dit pas la technique pour le mettre en œuvre. Lorsque l’on utilise les végétaux pour faire tampon entre le sol et la maçonnerie, dans le cas d’un mur de soutènement, se pose toujours le problème de faire tenir ces végétaux sur la face arrière du mur qui est verticale et la plupart du temps difficilement accessible une fois le drain posé. A l’usage ce n’est pas évident.
Le mur avant intervention
Même axe, mur fini
Nous avons tenté lors de notre dernier chantier une expérience que je vous livre ici et qui règle ce problème technique, le « bio-géo-textile ».
Le chantier consiste à restaurer une brèche dans un mur de soutènement. Le lieu est envahi par les arbres et les broussailles (principalement lauriers sauces, châtaigniers et noisetiers). Lors du terrassement les végétaux sont réservés pour constituer le « bio-géo-textile ».
Les tiges droites sont ensuite plantées à l’arrière du mur et les branchages y sont tissés en plessis. Le plessis délimite ainsi l’arrière du mur, comme le ferait un géotextile. L’installation du sol et la construction du mur a ainsi pu se réaliser facilement et le filtre composé de végétaux a été facile à installer et à gérer.
Pose du plessis entre le mur et le sol à retenir
Le plessis est monté au fur et à mesure que le mur se construit
La terre est remblayée à l'arrière du plessis ...
... Puis damée
Vue en coupe. De gauche à droite: le talus, la terre remblayée, le plessis, le drain, la maçonnerie
Vue d'ensemble du chantier lors de la construction
Mur Fini
** je ne doute pas que quelqu’un en ait parlé et si vous en avez connaissance surtout réagissez à cet article et donnez nous vos références.