Le fruit
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Le fruit
Notre parti pris de construction en pierre sèche tient à l’application de quatre règles lors de la pose de chaque pierre individuellement, ces règles concernent l’utilisation du poids et permettent de lier les pierres dans l’ensemble d’un mur. Vous en trouverez le développement sur cet article.
Avec l’assise, le croisement et le blocage, le fruit est une de ces règles.
Le fruit est en fait le résultat de la pose d’une pierre avec du pendage.
Le pendage est l’angle donné à l’assise de la pierre par rapport à l’horizontale. C’est cet angle par rapport à l’horizontale qui entraine l’angle par rapport à la verticale du parement du mur, que l’on nomme le fruit.
Poser les pierres selon la règle du pendage/fruit a trois effets :
1/ déporter le centre de gravité de la pierre vers l’intérieur du mur, ce qui renforce la solidité de tout l’ouvrage.
2/ optimiser l’impossibilité de renversement des pierres maçonnées en parement.
3/transformer les forces de poussée latérales qui s’exercent sur la pierre en forces verticales.
Le fruit des murs en pierre sèche est généralement un angle d’environ 5 à 7°.
Il se décide lors de la fouille des fondations, dont l’assise est creusée afin de faire le même angle par rapport à l’horizontale.
Il se poursuit lors de la pose de chaque rangée de pierre.
En parement des piquets vont guider le maçon pour garder le bon alignement.
A ce niveau-là un truc très simple vous permettra de planter vos piquets pour obtenir le bon angle : tenez-vous droit, le piquet tenu à bout de bras dont le coude pose sur la hanche et le bas du piquet au bout de votre pied, avec l’autre main enfoncer le piquet (cf. photo) vous obtenez alors un angle d’environ 5-7°.
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La restauration d’un mur à Meyrargues (13) nous a permis de travailler avec un fruit beaucoup plus important, notre calcul indique du 20°:
Par rapport à la verticale du piquet 20°
Piquet indiquant un angle de 7° rapport à la verticale
La raison de ce fruit « exagéré » est en fait une adaptation à la pierre locale.
Il s’agit de galets, la plupart d’entre eux sont de taille très moyenne, environ 15cm d’envergure, les pierres locales ne sont donc en moyenne pas suffisamment longues pour créer une maçonnerie de pierres en boutisse.
Les galets sont lissés par l’usure de l’eau leur surface est glissante et ils n’ont pas d’adhérence, ils n’ont pas non plus d’angles bien marqués. Ce qui a pour effet de leur permettre de glisser dès qu’ils ne sont pas bloqués, contrairement à une pierre classique à la surface rugueuse qui adhère par simple contact.
Ces deux qualités de la pierre locale ne permettaient pas une maçonnerie optimale et pérenne dans les règles « classiques ».
Les maçons qui ont construit sur ce terroir ont trouvé la parade et ont adapté leur technique à ces défauts de la pierre disponible localement. Ils ont augmenté l’angle du pendage des pierres posées.
Mur fini de face